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prince du sang, par le comte de Clermont, société qui réunissait à la fois les sciences, les lettres et les arts mécaniques, l’historien sera, le plus sérieusement du monde, classé avec le brodeur, le poëte avec le teinturier, etc., etc.

En toute chose, au surplus, l’abus n’est pas l’usage ; voyons donc si c’est à l’usage qu’Ampère s’est arrêté dans l’ouvrage encore à moitié inédit, qu’il a composé à la fin de sa vie, sous le titre d’Essai sur la philosophie des sciences, ou exposition analytique d’une classification naturelle de toutes les connaissances humaines.

Ampère se proposait la vaste et célèbre question dont la solution avait été déjà tentée par Aristote, Platon, Bacon, Leibnitz, Locke, d’Alembert, etc.

Les efforts infructueux de tant d’hommes de génie sont une démonstration convaincante de la difficulté du problème ; prouvent-ils aussi complétement son utilité ?

Aristote prétendait que tous les objets pouvaient être renfermés dans dix catégories. Si je rappelais combien de fois elles ont été remaniées, on me répondrait sans doute, et avec raison, que c’était une conséquence nécessaire et prévue des progrès de l’esprit humain. Je poserais certainement une question plus embarrassante en demandant à quoi les catégories ont servi.

On a déjà vu ce qu’en pensait Molière. Voici l’opinion de l’auteur célèbre de la Logique de Port-Royal : « L’étude des catégories ne peut être que dangereuse, en ce qu’elle accoutume les hommes à se payer de mots, et à croire qu’ils savent toutes choses, lorsqu’ils ne connaissent que des noms arbitraires. »