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s’exécutaient parallèlement à un cercle vertical gradué. Le cercle gradué de la nouvelle boussole d’Ampère ne devait être ni horizontal, ni vertical. À Paris, son inclinaison à l’horizon était de 22 degrés. En chaque lieu, il aurait fallu adopter le complément à 90 degrés de ce qu’on appelle l’inclinaison magnétique.

Au centre de ce cercle incliné, se trouvait une pierre fine percée d’un trou où reposait l’une des extrémités de l’axe d’une aiguille, montée comme celles qui servent à la mesure de l’inclinaison. L’autre tourillon pénétrait dans un trou tout semblable, situé à l’extrémité d’une de ces pièces dont les horlogers font tant d’usage dans la construction des montres, et qu’ils appellent des ponts.

Supposons maintenant que le plan gradué soit perpendiculaire au méridien magnétique du lieu. La force du magnétisme terrestre agira perpendiculairement à l’aiguille aimantée. Sous cette action, une aiguille ne saurait affecter de direction spéciale. Ampère avait donc toute raison d’appeler son nouvel instrument, astatique.

L’aiguille astatique d’Ampère, mise en présence d’un fil conjonctif, se place, par rapport à ce fil, dans une direction exactement perpendiculaire, ni une seconde en plus, ni une seconde en moins ; et, chose éminemment remarquable, une électricité très-faible produit autant d’effet que le courant dont la forte intensité amène le métal à l’état d’incandescence.

Voilà une de ces lois simples que les sciences enregistrent dans leurs annales avec bonheur ; que l’esprit accueille avec confiance, et sur lesquelles les fausses théories vont inévitablement se briser.