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tisme terrestre. Pour cela, il suffira, par exemple, de renfermer cette aiguille dans une sphère creuse de verre.

Je détruirai ces illusions d’un seul mot : on n’a pas encore trouvé de substance, mince ou épaisse, à travers laquelle l’action magnétique, comme celle de la pesanteur, ne s’exerce sans éprouver le moindre affaiblissement. Les voiles goudronnées ou non goudronnées, les manteaux dont certains marins couvrent les canons en fer, les boulets, les ancres, appartiennent aux mille et mille pratiques qu’enregistraient les traités de navigation, avant que la science y portât son flambeau. Malgré leur complète inutilité, elles se propagent, se perpétuent par la routine, puissance aveugle, et qui cependant gouverne le monde.

Au fond, la recherche d’Ampère n’exigeait pas (ce qui eût été impossible) que son appareil se trouvât complétement soustrait à l’action magnétique du globe ; il suffisait que cette action ne contrariât pas le mouvement de l’aiguille. Une réflexion si simple devint le trait de lumière qui dirigea l’illustre physicien ; elle fit naître un genre de boussoles dont les observateurs ne s’étaient pas encore avisés.

Jusque là, quand il fallait, si l’expression m’est permise, trouver l’orientation des forces magnétiques d’un lieu, c’était une aiguille horizontale, mobile sur un pivot fixe au centre d’un cercle divisé, également horizontal, qui donnait le résultat. Se proposait-on de connaître l’inclinaison de ces mêmes forces à l’horizon ? L’aiguille reposait alors, par les extrémités d’un axe transversal, sur deux plans d’agate horizontaux, et ses mouvements