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du hasard ; peut-être eut-il le tort de ne pas s’en plaindre hautement. Je me hâte d’ajouter que du moins, en prononçant son verdict, il obéit toujours aux inspirations de sa conscience. Dans une affaire, par exemple, où l’autorité s’attendait à une condamnation capitale, celle de l’officier de cavalerie Gravier, prévenu d’avoir fait partir un pétard sous la galerie occupée par la duchesse de Berry enceinte, le vote de Poisson fut pour l’acquittement.

L’illustre académicien fut nommé baron en 1825, mais il ne prit jamais ce titre et refusa même de retirer le diplôme. Quand la révolution de Juillet éclata, Poisson fut menacé de perdre toutes les positions qu’il avait conquises par son talent et à la sueur de son front. Les avocats avaient remarqué la trop fréquente apparition de son nom dans les listes des jurés appelés à statuer sur certaines affaires et lui en faisaient un crime, comme si lui-même avait été chargé de procéder au tirage, soit à la préfecture, soit à la cour royale ; l’un d’entre eux surtout, appelé depuis à occuper les positions les plus élevées, le poursuivait avec un acharnement extrême ; fortifié des rancunes haineuses mal déguisées de quelques membres très-médiocres de l’Université, il avait obtenu du ministre, placé alors à la tête du corps enseignant, qu’une demande de révocation de Poisson comme membre du conseil de l’instruction publique serait portée au conseil des ministres.

Un académien[1] auquel la famille royale accordait une bienveillance toute particulière, parvint à épargner à

  1. M. Arago.