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d’influence sur les destinées de l’humanité. Pour tout dire en un seul mot, je ne saurais comprendre que des détails, qu’on lirait avec plaisir dans la biographie d’un homme médiocre, fussent déplacés dans celle d’un homme supérieur.

Pour moi, je l’avoue franchement, j’ai appris avec un vif intérêt d’un savant éminent qui va publier la vie de Newton d’après des documents autographes et authentiques, qu’il existe, quoi qu’on en ait dit, des lettres d’amour signées de cet immortel géomètre. J’ai appris aussi avec une égale satisfaction, de la bouche d’un ancien chancelier d’Angleterre, que l’illustre auteur de la Philosophie naturelle et de l’optique avait fait ses préparatifs, qu’une circonstance fortuite rendit inutiles, pour aller combattre, en faveur de la liberté de conscience, dans les rangs des religionnaires des Cévennes, les dragons du maréchal de Villars. Ces considérations bien comprises, je passe sans scrupule à de nouveaux détails sur la vie privée et publique de Poisson. Il n’est d’ailleurs pas impossible que chemin faisant je trouve l’occasion de réfuter quelque méchante calomnie.

Le père du grand géomètre avait fait comme simple soldat la campagne de Hanôvre ; il eut beaucoup à souffrir dans ce temps de la hauteur, de la morgue de ses chefs. Leurs mauvais procédés lui devinrent enfin si insupportables qu’il déserta ; aussi applaudit-il avec enthousiasme à l’abolition des privilèges nobiliaires prononcée en 1789 par l’Assemblée nationale. Plus tard, nous le trouvons à Pithiviers, chef des autorités révolutionnaires ; à ce titre il recevait le Moniteur. Ce journal