Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/67

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour ne pas comprendre ce qu’il y a d’extraordinaire, de capital dans les résultats que je viens d’énoncer, pour ne pas s’étonner de voir un fluide impondérable communiquer passagèrement des propriétés si énergiques au mince fil qu’il parcourt.

Ces propriétés, étudiées dans leurs caractères spécifiques, ne sont pas moins étonnantes.

Les enfants eux-mêmes le savent, on chercherait vainement à faire tourner un levier horizontal, autour du pivot sur lequel il repose par son centre, en le poussant ou en le tirant dans sa longueur, je veux dire suivant une ligne aboutissant au centre de rotation : l’action doit être nécessairement transversale. La perpendiculaire à la longueur du levier est même, de toutes les directions qu’on puisse adopter, celle qui exige le moins de force pour engendrer un mouvement donné. C’est exactement tout l’opposé de ces règles élémentaires de la mécanique que présente l’expérience de M. Œrsted.

Qu’on veuille bien, en effet, se le rappeler : quand les forces que le passage du courant électrique développe en chaque point du fil conjonctif se trouvent correspondre verticalement à l’axe même de l’aiguille, soit au-dessus, soit au-dessous, la déviation est à son maximum. L’aiguille reste en repos, au contraire, lorsque le fil se présente à elle dans une direction voisine de la perpendiculaire.

Telle est l’étrangeté de ces faits, que, pour les expliquer, divers physiciens eurent recours à un flux continu de matière électrique circulant autour du fil conjonctif, et produisant les déviations de l’aiguille par voie d’impul-