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nous venons de parler ; c’était déjà pour le jeune géomètre un honneur immense. Une circonstance qui n’a été connue qu’à la mort de Lagrange y mit le comble. Le gouvernement ayant fait l’acquisition de ses manuscrits, on trouva parmi ces papiers vénérés une copie du Mémoire de Poisson écrite tout entière de la main de l’incomparable géomètre. Poisson en ressentit une de ces joies vives et pures qui dédommagent amplement des veilles les plus laborieuses.

Quant à moi, le fait que je viens de rapporter me suggère une réflexion générale dont les jeunes mathématiciens pourront tirer quelque parti. Lorsqu’ils verront l’immortel auteur de la Mécanique analytique croire ne pouvoir se rendre maître du Mémoire d’un de ses émules qu’en le copiant de sa propre main, ils étendront aux écrits scientifiques ce qui n’avait été jusqu’à présent appliqué qu’aux travaux littéraires. Ils comprendront qu’on n’arrive à faire des mathématiques faciles semblables à celle de Lagrange qu’en travaillant difficilement.



RÉFLEXIONS SUR LE NOMBRE DES TRAVAUX DE POISSON.


Je n’ai jusqu’ici analysé qu’une minime partie des Mémoires de Poisson. On se demandera sans doute comment, durant une vie si courte et consacrée en grande partie au professorat, notre confrère était parvenu à attaquer et à résoudre tant de problèmes. Je répondrai que c’est par la réunion de trois qualités : le génie, l’amour du travail et l’érudition mathématique. Le génie est un don naturel que rien ne peut suppléer, lorsqu’il s’agit de