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dépendre de l’action mutuelle des planètes, même en tenant compte des quantités du quatrième ordre. Il aura établi qu’à ce point de vue, le seul dont Newton et Euler se fussent préoccupés, les géomètres, ses successeurs, liront encore son beau Mémoire dans plusieurs millions d’années.

Poisson avait vingt-sept ans lorsqu’il présenta ce magnifique travail à l’Académie. Vers la fin de 1808, un événement complétement inattendu jeta le monde scientifique dans une surprise enthousiaste. Lagrange se reposait depuis longtemps dans sa gloire. Il assistait assidûment à nos séances, mais sans y proférer un seul mot, il se contentait de donner quelques soins à la réimpression de ses ouvrages, et d’y joindre de savantes notes. Ses nombreux Mémoires, parmi lesquels on n’en citerait pas un de médiocre, insérés dans les recueils académiques de Turin, de Berlin, de Paris, lui donnaient des droits incontestables (et incontestés) au titre de Premier géomètre de l’Europe. Chacun disait que de nouvelles publications ne pouvaient que le faire déchoir de ce premier rang qu’il occupait sans partage. Tout à coup, Lagrange sort de sa léthargie, et son réveil est celui du lion. Le 17 août 1808, il lit au Bureau des longitudes, et le lundi suivant 22, à l’Académie des sciences, un des plus admirables Mémoires qu’ait jamais tracés la plume d’un mathématicien. Ce travail était intitulé : Mémoire sur la théorie des variations des éléments des planètes, et en particulier des variations des grands axes de leurs orbites.

L’illustre auteur déclare que l’idée de ce travail lui est venue en examinant le beau Mémoire de Poisson dont