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anguleux, phénomène que l’observation avait dès longtemps constaté, avant que Poisson le déduisît de la théorie.

Poisson s’est occupé, d’une manière toute spéciale, des phénomènes que présentent deux sphères électrisées en contact, ou seulement placées en face l’une de l’autre. Lorsque les sphères se touchent, l’électricité est nulle autour du point de contact, résultat singulier, conforme aux observations de Coulomb. Lorsqu’on les sépare, l’électricité se partage entre les deux sphères, de manière qu’elle est toujours plus forte sur la plus petite.

Poisson considère l’accord de ses savants calculs avec les expériences de Coulomb comme la démonstration de la vérité de l’hypothèse sur laquelle il s’était appuyé. Il serait donc prouvé que l’électricité résulte de l’action de deux fluides distincts, tantôt séparés et tantôt réunis ; mais de nombreux exemples doivent nous mettre en garde contre les conclusions tirées ainsi de l’accord du calcul et de l’observation. Considérons, par exemple, la lumière : en la supposant composée de molécules matérielles attirées par les corps à des distances insensibles, on rendait compte de la loi capitale des sinus, soit dans le passage du vide dans un milieu donné, soit à la surface de séparation de deux milieux différents ; on expliquait très-simplement la réflexion totale ; on avait même commencé à rattacher la double réfraction au système corpusculaire. Eh bien, la conception de Newton n’est plus maintenant qu’une hypothèse gratuite dont aucun physicien de bonne foi et au courant des faits ne saurait se montrer le défenseur. Mais ce qu’on peut affirmer sans