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des conséquences aussi colossales. Cependant, jusqu’ici, on n’avait rien découvert touchant la nature de la modification intime qu’éprouve une lame d’acier neutre pendant les opérations mystérieuses, j’ai presque dit cabalistiques, à l’aide desquelles on la transforme en aimant.

L’ensemble des phénomènes du magnétisme, les affaiblissements, les destructions, les renversements de polarité des aiguilles de boussole, occasionnés à bord de quelques navires par de violents coups de foudre, semblaient établir des liaisons intimes entre le magnétisme et l’électricité. Toutefois, les travaux ad hoc entrepris à la demande de plusieurs académies, pour développer et fortifier cette analogie, avaient si peu conduit à des résultats décisifs, que nous lisons dans un programme d’Ampère, imprimé à la date de 1802 :

« Le professeur Démontrera que les phénomènes électriques et magnétiques sont dus à deux fluides différents, et qui agissent indépendamment l’un de l’autre ! »

Les choses en étaient à ce point, lorsqu’en 1819, le physicien danois Œrsted annonça au monde savant un fait immense par lui-même, et surtout par les conséquences qu’on en a déduites ; un fait dont le souvenir se transmettra d’âge en âge, tant que les sciences seront en honneur parmi les hommes. Essayons de donner une idée nette et précise de cette découverte capitale.

La pile de Volta est terminée à ses extrémités, ou, si l’on veut, à ses deux pôles, puisque l’expression est convenue, par deux métaux dissemblables. Supposons, pour fixer les idées, que les éléments de cet admirable appareil soient du cuivre et du zinc : si le cuivre est