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CALCUL DES PROBABILITÉS.


Il serait curieux et intéressant de savoir par quelle série de considérations les grands géomètres ont été amenés à traiter un sujet de préférence à tel autre. Poisson a mis une fois le public dans cette confidence. S’occupe-t-il des mouvements de la lune autour de la terre, c’est parce que cette théorie est attrayante à raison des difficultés qu’elle présente. C’est sans doute un motif de ce genre, l’attrait de la difficulté, qui conduisit Poisson, en 1837, à s’occuper de recherches relatives à la probabilité des jugements en matière criminelle et en matière civile. La première solution de cette question, l’une des plus ardues que les géomètres se soient proposée, remonte à Condorcet, et se trouve dans l’ouvrage de cet académicien intitulé : Essai sur l’application de l’analyse à la probabilité des décisions rendues à la pluralité des voix. Avant la publication de cet essai, entrepris à la demande de Turgot, il n’existait sur la matière qu’un petit ouvrage de Nicolas Bernoulli. La France possède maintenant trois traités ex-professo sur les probabilités envisagées dans toute leur généralité, celui de Condorcet, le traité de Laplace et le livre de Poisson, dont il nous reste à donner une idée.

L’ouvrage de Poisson tient plus que son titre ne l’indique et qu’il ne le faisait espérer ; les quatre premiers chapitres renferment les règles et les formules générales du calcul des probabilités ; c’est dans le cinquième seulement que notre confrère aborde la question de la probabilité