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sa voiture « des armoiries d’or, au palmier de sinople, terrasse de même, au franc quartier de comte sénateur. » Bien entendu que, copiant littéralement la formule et étant fort peu expert en blason, j’ai pu commettre ici des erreurs considérables, pour lesquelles, s’il y a lieu, je m’excuse d’avance.

Où faut-il chercher la cause de l’anomalie que je viens de signaler ? Devons-nous supposer que les opinions de notre confrère avaient éprouvé, en très-peu d’années, une complète transformation ; que cette même noblesse, qu’il qualifiait, en 1789, d’institution vermoulue, était à ses yeux, quinze ans après, un élément indispensable dans l’organisation politique d’un grand royaume ?

Je repousse l’explication, car je ne la crois pas fondée. Notre confrère devint le comte de Péluze, tout en conservant les sentiments intimes du citoyen Monge.

Il me serait facile, personne ne l’ignore, de puiser une multitude de faits analogues dans l’histoire ancienne, et, plus encore, dans l’histoire de notre époque. Permettez que je m’en abstienne : ce n’est pas ainsi qu’un homme de génie peut être justifié quand il a failli. Ceux qui marchent à la tête des siècles par les travaux de l’esprit doivent aussi se distinguer de la foule par leurs actes.

Considérant les choses en elles-mêmes, j’ai toujours regretté, je l’avouerai, de trouver entre le début et la fin de la magnifique carrière de notre confrère un manque d’harmonie qui exigera toujours des commentaires, des explications. L’histoire scientifique aurait, ce me semble, fourni au savant géomètre des motifs péremptoires pour décliner les honneurs dont on voulait le combler. Je me