Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/535

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Non, assurément. Mais qu’on nous explique donc comment le goût des Romains pour les parades aurait été moindre si le Directoire, au lieu d’envoyer en Italie des commissaires savants et lettrés, tels que Mongc et Daunou, s’était fait représenter par des ignorants, sans notoriété d’aucune sorte ? La question tout entière est là.

Une circonstance fortuite a fait tomber dans mes mains la correspondance encore inédite d’un des trois commissaires français avec le président du Directoire exécutif. J’ai donc pour apprécier la mission de nos illustres confrères mieux que l’élément unique, et souvent trompeur, dont les biographes, dont les historiens, peuvent ordinairement disposer : le résultat ; je sais jusqu’où allait l’initiative de Monge et de Daunou ; je connais les questions sur lesquelles leurs vues s’éloignaient de celles du gouvernement français ; j’ai lu les réclamations vives et franches qu’ils adressaient à Paris. Si un peu de louche venait encore à planer sur la conduite de nos deux confrères après les quelques lignes d’éclaircissement que je vais donner, ce serait à moi, à moi seul, qu’il faudrait s’en prendre.

Les embarras fmanciers sont ce qui, ordinairement, paralyse le plus la marche des gouvernements nouveaux. Daunou, Monge, Florent, le méconnurent-ils ? Écoutez ces passages extraits de leur correspondance inédite, et jugez :

« Si vous voulez que ce peuple reste libre, ne le laissez pas épuiser et saigner jusqu’au blanc. — Subsistances et finances, voilà les points les plus difficiles. Les dilapidations et les impositions sont, en Italie, les seules causes