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Telle était, dans le fond et dans les termes, la mission très-large dont nos deux confrères se trouvèrent d’abord investis. Bientôt des circonstances imprévues la restreignirent et en changèrent le caractère.

Masséna, qui avait succédé à Berthier dans le commandement de l’armée, considéra l’établissement de la république romaine comme un fait accompli, déclara qu’il n’y avait plus à délibérer que sur la forme de la constitution, et offrit (je cite les termes), au nom du Directoire, la Constitution de l’an iii, qui régissait alors la France.

La proclamation de Masséna était du 30 ventôse an vi (20 mars 1798). À partir de ce jour, Monge, Daunou et Florent n’eurent plus qu’à faire voter la population des États romains sur la constitution offerte, et, après son adoption, qu’à chercher les moyens de la mettre en activité.

La république romaine ne dura que huit mois et neuf jours ; elle fut renversée le 29 novembre 1798, sans avoir jamais marché d’une manière satisfaisante.

On a cru trouver dans cette courte durée le texte légitime des plus insolents quolibets contre Monge et Daunou.

Je n’ai point appris que nos confrères aient jamais aspiré à la renommée de Solon et de Lycurgue ; ce n’est pas à cause de leur mission à Rome qu’ils ont pu, qu’ils ont dû espérer d’attirer les regards de la postérité. Cependant, puisque la malveillance a essayé de déverser le ridicule sur deux des plus brillantes illustrations de l’ancien Institut, notre devoir est de les défendre et, s’il