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rigueur devaient atteindre les élèves les plus ardents. Monge n’hésita pas à plaider la cause de ceux qu’il appelait courageusement ses fils adoptifs. Les paroles très brèves qui furent échangées à ce sujet, entre Napoléon et notre confrère, méritent d’être conservées.

« Eh bien, Monge, vos élèves sont presque tous en révolte contre moi ; ils se déclarent décidément mes ennemis. — Sire, nous avons eu bien de la peine à en faire des républicains ; laissez-leur le temps de devenir impérialistes. D’ailleurs, permettez-moi de vous le dire, vous avez tourné un peu court ! »

L’Empereur, cette fois-là aussi, tourna court sur lui-même, mais aucun élève ne fut exclu.

Monge se fit remplacer, comme professeur d’analyse appliquée, dans le courant de 1809. Pour les besoins de ce cours, on avait antérieurement réuni en un corps d’ouvrage les mémoires épars dans les collections académiques de Turin et de Paris. L’auteur y joignit des additions essentielles sur sa méthode d’intégration des équations aux différences partielles, fondée sur la considération des caractéristiques. Cet ouvrage capital et volumineux était distingué parmi les élèves de l’École polytechnique du Traité de géométrie descriptive par le titre de Gros-Monge. À la fin de 1819 il avait déjà eu quatre éditions.

CRÉATION DE L’INSTITUT.

Les académies, supprimées en 1793, furent rétablies une année après, non à l’état fâcheux d’isolement où l’es-