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le fondateur réel de cette école célèbre. Voilà, dans toute sa simplicité, le raisonnement sur lequel tant de personnes se sont appuyées pour substituer le nom de l’auteur du Système des connaissances chimiques aux noms de Lamblardie et de Monge ; voilà comment Fourcroy en était venu lui-même à se persuader que ses droits au titre de fondateur l’emportaient sur ceux de l’homme de génie à qui nous sommes redevables de la géométrie descriptive.

Dans les sociétés modernes, aucune affaire n’arrive à son terme qu’après avoir passé par une multitude de filières. De là mille conflits d’amour-propre entre les personnages du monde politique ou du monde administratif à qui ces filières se trouvent confiées. On s’exagère si volontiers l’importance des actes auxquels on a pris part ! Voyez le conseiller municipal, cette contre-épreuve si exacte de l’ancien échevin. A-t-il, en forme de rapport, juxtaposé quelques lignes concernant les projets laborieusement étudiés d’un ingénieur consommé, d’un architecte habile, d’un peintre célèbre ; si ce rapport dans la hiérarchie administrative a précédé immédiatement le vote d’adoption des travaux, l’échevin ne parle plus, sa vie durant, que du majestueux canal dont le commerce lui est redevable ; que du splendide édifice qu’il a fait élever ; que des magnifiques peintures qui, grâce à lui, ornent les murs de l’antique basilique ou du temple nouvellement sorti de terre, etc.

Soyons justes, l’échevin n’est pas un personnage exceptionnel. Le monde fourmille de membres de nos assemblées législatives dont les prétentions, dont les dis