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ordonnance formelle, de s’abstenir d’en faire aucune application dans leur service ?

Telles étaient, dans le glorieux royaume de France, les institutions mesquines d’où sortaient, avant la Révolution, les officiers, les ingénieurs des corps savants.

Le moment est maintenant venu de raconter comment nos pères les remplacèrent ; comment ils en bannirent tout ce qui portait la trace du privilége, de la routine ; comment l’École polytechnique devint le pivot sur lequel roule majestueusement, depuis plus de cinquante années, un ensemble d’institutions dont aucun pays, dont aucun siècle n’avait offert le modèle.

En 1793, la France soutenait sur toutes ses frontières une immense et glorieuse lutte contre les armées de l’Europe coalisée. Les ingénieurs militaires manquant, deux lois de la Convention, en date du 9 mars et du 16 septembre, mirent tous les ingénieurs civils à la disposition du ministre de la guerre. Il ne fallait rien moins que la voix impérieuse de la nécessité pour légitimer une détermination si radicale. Il est certain qu’elle amena, qu’elle devait amener la désorganisation complète de l’École des ponts et chaussées. Les jeunes gens arrivés dans cette école en 1794 n’y trouvèrent aucun moyen d’étude. Leur instruction première était d’ailleurs à peu près nulle. Les autres écoles d’application avaient aussi ressenti plus ou moins fortement le contre-coup de la mesure conventionnelle. Tout annonçait que cet état fâcheux durerait un grand nombre d’années. Le successeur de Perronet à la direction de l’École des ponts et chaussées, l’habile ingénieur Lamblardie, pensa que, pour