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treindre. Notre confrère élaborait alors sa Théorie des relations, sa Théorie de l’existence ; des Connaissances subjectives, des Connaissances objectives, et de la moralité absolue.

Il se jugeait lui-même incapable d’éclairer d’une manière suffisante des sujets si difficiles, s’il ne trouvait pas l’occasion de les soumettre à de vives discussions verbales. Malheureusement, cette occasion tant désirée lui manquait à Paris : Maine de Biran était retourné à Bergerac, et, dans le reste des habitants de l’immense capitale, pas un ne paraissait alors prendre intérêt, sous le point de vue métaphysique, au subjectif, à l’objectif et à la moralité absolue. Ampère tourna alors ses vues du côté de ses amis d’enfance, et résolut de retourner momentanément à Lyon. Les conditions du voyage avaient été strictement formulées : certitude complète D’au Moins quatre après-dînés par semaine, consacrés à des débats sur l’idéologie ; promesse formelle qu’on lirait, qu’on examinerait chaque jour, du point de vue de la rédaction et de la clarté, les pages que chaque jour aurait vues naître. Quoique je n’aie pas sous les yeux le texte des réponses que reçut Ampère, j’ai tout lieu de croire qu’elles furent loin de le satisfaire, « Combien est admirable la science de la psychologie ! écrivait-il à M. Bredin, et, pour mon malheur, tu ne l’aimes plus. — faut, disait-il ailleurs, pour me priver de toute consolation sur la terre, que nous ne puissions plus sympathiser en matière de métaphysique… Sur la seule chose qui m’intéresse, tu ne penses plus comme moi… C’est un vide affreux dans mon âme. »