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on parut pouvoir compter avec assurance sur le triomphe de nos soldats, car chacun se disait : Ils auront des armes !

Pour mettre les établissements des départements au niveau de ceux de la capitale, on fit venir de chaque district de la République des citoyens choisis parmi les canonniers de la garde nationale. Fourcroy leur enseigna les moyens d’extraire et de raffiner le salpêtre ; Guyton-Morveau et Berthollet, la nouvelle manière de fabriquer la poudre ; Monge, l’art perfectionné de fondre, de forer et d’aléser les canons de bronze pour les armées de terre, et les canons de fonte de fer pour la marine.

Ces élèves d’une nouvelle espèce se montrèrent pleins de zèle, d’intelligence, et portèrent dans les districts l’instruction que nos confrères leur avaient donnée à Paris.

Monge consacrait ses journées à la visite des ateliers ; la nuit, il composait des notices propres à diriger les ouvriers, et même un ouvrage considérable, l’ Art de fabriquer les canons, destiné à servir de manuel dans les usines particulières et les arsenaux de l’État.

Monge, en un mot, était l’âme de ce vaste, de cet immortel ensemble de travaux ; il dominait ses collègues par l’ascendant que donne un vif enthousiasme ; il les entraînait par l’exemple d’une activité dévorante.

Pour diminuer le mérite de notre confrère, on a dit que tout autre à sa place serait arrivé aux mêmes résultats ; qu’au milieu de l’effervescence qui s’était emparée des esprits au commencement de notre révolution, les idées nouvelles n’avaient presque pas besoin de pa-