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Le métal des cloches est un alliage de cuivre et d’étain, mais dans des proportions qui ne conviendraient pas aux armes de guerre. La chimie trouva des méthodes nouvelles pour séparer ces deux métaux. Les cloches des églises donnèrent ainsi tout le cuivre que les anciens centres d’approvisionnement nous refusaient. À défaut de l’Angleterre, de la Suède, de la Russie, de l’Inde, chaque village fournit son lingot du précieux métal.

Des hommes aveugles crièrent au sacrilège ! Leurs clameurs se dissipèrent comme un vain bruit. Quoi de plus religieux, dans la véritable acception de ce terme, que la défense de la liberté, de l’indépendance nationale !

À la voix de la patrie éplorée, les découvertes sur chaque objet naquirent aussi rapidement que les besoins. L’art de faire l’acier est ignoré, on le crée. Le sabre, l’épée, la baïonnette, la lance, la batterie de fusil, se fabriqueront désormais avec de l’acier français.

Le moulage en terre, en usage dans toutes les anciennes fonderies de canons, n’était pas assez expéditif pour les circonstances ; on le remplaça par le moulage en sable, beaucoup plus rapide.

Les moyens de forer, d’aléser les pièces reçurent aussi des perfectionnements importants. Le public suivait tous ces essais avec un intérêt très-vif, mêlé de quelque inquiétude.

Le jour où le premier canon moulé et foré très-rapidement put être essayé au Champ-de-Mars, la population parisienne se porta en foule sur les talus. Le succès fut salué par les plus bruyantes acclamations. De ce moment,