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la base de l’enseignement de la météorologie. Il y avait toujours une affluence extraordinaire aux leçons dans lesquelles Monge développait sa théorie. Chacun était sous le charme. Les principes fondamentaux paraissaient si naturels, si simples, les déductions si nettes, si rigoureuses, le professeur se montrait si profondément convaincu, qu’on aurait cru commettre la plus grande des inconvenances en se permettant une objection, un simple doute. Qui d’ailleurs n’aurait été satisfait d’avoir appris dans l’espace de quelques minutes, sans aucune contention d’esprit, les causes des brouillards, des nuages, de la neige, de la pluie, de la grêle, des vents, et du plus dévastateur de tous les météores, des trombes ?

À l’époque où Monge rédigeait son Mémoire, la plupart des phénomènes atmosphériques n’avaient été étudiés que d’une manière générale et vague. Les météorologistes sentaient à peine le besoin de fonder la science sur des données numériques précises ; à peine commençaient-ils aussi à comprendre que les détails sont la véritable pierre de touche des théories.

Les théories météorologiques de Monge ne résisteraient point aujourd’hui à cette épreuve, et cependant elles n’en resteront pas moins dans l’histoire de la physique, comme un témoignage frappant de l’esprit ingénieux et net de notre confrère. Qui ne le voit ? il y aurait une injustice flagrante à tenter d’apprécier les conceptions de 1790, sans se reporter par la pensée à cette époque, sans mettre momentanément à l’écart les observations, les expériences faites dans l’espace de plus d’un demi-siècle, sans se rappeler que Monge n’avait, qu’il ne pouvait