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La jeunesse si féconde de Monge restera donc comme une protestation permanente contre l’apathie de tant de professeurs de mérite, qui croient s’excuser de ne rien produire en parlant sans cesse de leur isolement.

En écrivant la biographie de Watt, j’ai essayé de tracer l’histoire de la découverte de la composition de l’eau. Je crois cette histoire fidèle, quoiqu’elle ait donné lieu à bien des diatribes de la part de quelques-uns de nos voisins engoués de titres nobiliaires, qui ont trouvé que je m’étais rendu coupable d’une irrévérence impardonnable en essayant de dépouiller, ce sont leurs expressions, Cavendish, de l’illustre famille des ducs de Devonshire, en faveur de l’artiste Watt.

De ce côté du détroit, quelques amis de Monge m’imputent le tort de n’avoir pas cité les expériences relatives au même objet de notre savant compatriote. Mais ils ont donc oublié qu’en publiant son travail dans les Mémoires de l’Académie des sciences de 1783, Monge lui-même s’exprimait ainsi :

« Les expériences dont il s’agit dans ce Mémoire ont été faites à Mézières, dans les mois de juin et de juillet 1783, et répétées en octobre de la même année : je ne savais pas alors que M. Cavendish les eût faites plusieurs mois auparavant en Angleterre. »

Quoique cette note de l’auteur donne incontestablement l’antériorité au savant anglais, nous devons réclamer pour notre compatriote le mérite d’avoir opéré très en grand, et en s’entourant de toutes les précautions que la science pouvait commander. Monge ne se faisait pas moins remarquer à Mézières