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je n’ai sacrifié que des détails imaginaires, fruits empestés de l’esprit de parti.

Je ne veux pas me dérober à des questions qui déjà bourdonnent à mes oreilles. Quels sont, me dira-t-on, vos titres pour oser modifier une page de l’histoire de notre révolution, sur laquelle tout le monde paraissait d’accord ? De quel droit prétendez-vous infirmer des témoignages contemporains, vous qui, au moment de la mort de Bailly, veniez à peine de naître ; vous qui viviez dans une obscure vallée des Pyrénées, à deux cent vingt lieues de la capitale ?

Ces questions ne m’embarrassent nullement. Je ne demande pas, en effet, qu’on adopte sur parole la relation qui me semble l’expression de la vérité. J’énumère mes preuves, j’exprime mes doutes. Dans ces limites, personne n’a de titres à produire ; la discussion est ouverte à tout le monde, le public prononcera son jugement définitif.

En thèse générale, j’ajouterai qu’en concentrant ses recherches sur un objet spécial et circonscrit, on a plus de chances de le bien voir, de le bien connaître, toutes choses d’ailleurs égales, qu’en éparpillant son attention en tout sens.

Quant au mérite des relations contemporaines, il me paraît très-contestable. Les passions politiques ne laissent voir les objets, ni dans leurs dimensions réelles, ni sous leurs vraies formes, ni avec leurs couleurs naturelles. Des documents inédits et très-précieux ne sont-ils pas venus, d’ailleurs, porter de vives lumières, là où l’esprit de parti avait étendu ses voiles épais ?

La relation que Riouffe donna de la mort de Bailly, a