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devenu accusé. La marche que prirent les débats autoriserait, en vérité, à appeler la séance où la reine fut condamnée, où elle figurait ostensiblement comme seule prévenue, procès de Marie-Antoinette et de Bailly. Qu’importe, après tout, telle ou telle qualification du monstrueux procès ; au jugement de tout homme de cœur, jamais Bailly ne se montra plus loyal, plus courageux, plus digne, que dans cette circonstance difficile.

Bailly comparut de nouveau devant le tribunal révolutionnaire, et cette fois comme prévenu, le 10 novembre 1793. L’accusation portait principalement sur la prétendue participation du maire de Paris à l’évasion de Louis XVI et de sa famille, et sur la catastrophe du Champ-de-Mars.

Si quelque chose au monde paraissait évident, même en 1793, même avant les révélations détaillées des personnes qui prirent une part plus ou moins directe à l’événement, c’est que Bailly ne facilita point le départ de la famille royale ; c’est que, dans la mesure des soupçons arrivés jusqu’à lui, il fit tout ce qui était en son pouvoir pour l’empêcher ; c’est que le président de la séance du Jeu de Paume n’eut et ne put jamais avoir, en aucun cas, le projet d’aller rejoindre la famille fugitive à l’étranger ; c’est, enfin, que tout acte émané d’une autorité publique, dans lequel on pouvait lire des expressions telles que celles-ci : « La profonde scélératesse de Bailly… Bailly avait soif du sang du peuple ! » devait exciter le dégoût et l’indignation des hommes de bien, quelle que fût d’ailleurs leur opinion politique.

L’accusation, en ce qui concernait la fusillade meur-