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accorda alors une chambre où sa femme et ses neveux avaient la permission de le visiter.

Bailly n’avait encore subi qu’un interrogatoire sans importance, lorsqu’il fut appelé à témoigner dans le procès de la reine.



BAILLY EST APPELÉ COMME TÉMOIN DANS LE PROCÈS DE LA REINE. — SON PROPRE PROCÈS DEVANT LE TRIBUNAL RÉVOLUTIONNAIRE. — SA CONDAMNATION À MORT. — SON EXÉCUTION. — DÉTAILS IMAGINAIRES AJOUTÉS PAR LES HISTORIENS MAL INFORMÉS À CE QUE CET ÉVÉNEMENT PRÉSENTA D’ODIEUX ET D’EFFROYABLE.


Bailly, sous le coup d’une accusation capitale, et précisément pour une partie des faits reprochés à Marie-Antoinette, fut entendu comme témoin dans le procès de cette princesse. Les annales des tribunaux tant anciens que modernes n’avaient encore rien offert de pareil. Qu’espérait-on ? Amener notre confrère à des déclarations inexactes ou à des réticences par le sentiment d’un danger imminent et personnel ? Lui suggérer la pensée de sauver sa tête aux dépens de celle d’une malheureuse femme ? Faire chanceler, enfin, la vertu ? En tout cas, cette combinaison infernale échoua ; avec un homme tel que Bailly, elle ne pouvait réussir.

« Connaissez-vous l’accusée ? » dit le président à Bailly. — « Ah ! oui, je la connais ! » répondit notre confrère d’un ton pénétré et en saluant respectueusement Marie-Antoinette. — Bailly protesta ensuite avec horreur contre des imputations odieuses, que l’acte d’accusation avait mises dans la bouche du jeune dauphin. Dès ce moment, Bailly fut traité avec une grande dureté. Il paraissait avoir perdu aux yeux du tribunal la qualité de témoin et être