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de parties borné et assez petit pour que ni l’un ni l’autre ne soit exposé à perdre la totalité de ce qu’il possède ; qu’il n’en est pas de même s’il s’agit d’un nombre indéfini de parties, la possibilité de tenir le jeu plus longtemps, donnant alors au joueur le plus riche un avantage incontestable, qui croît très-vite et en même temps que la différence des fortunes. Le désavantage d’un des joueurs devient immense, si son adversaire est immensément plus riche que lui : ce cas est toujours évidemment celui du joueur de profession qui accepte toutes les parties ; le monde tout entier des joueurs en face desquels il se pose, doit être considéré comme un joueur unique doué d’une prodigieuse fortune. Dans les jeux à chances égales, où l’habileté n’a pas de rôle, un joueur de profession peut donc être certain de se ruiner : les formules d’Ampère le prouvent sans réplique. Les mots vides de sens, tels que : bonheur, chance, bonne étoile, bonne veine, ne sauraient empêcher ni même retarder l’exécution d’une sentence prononcée au nom de l’algèbre.

Il est une école qui se qualifie elle-même d’utilitaire ; qui inscrit sur ses bannières les trois redoutables mots : À quoi bon ? qui, en vérité, dans sa guerre acharnée contre ce qu’elle nomme des superfluités matérielles ou intellectuelles, jetterait au feu nos admirables bibliothèques, nos splendides musées, et nous réduirait, comme nos pères, à manger du gland. Ses adeptes ne manqueront donc pas de me demander combien les calculs d’Ampère ont corrigé de joueurs.

J’avoue d’avance, avec une entière humilité, et sans croire faire en cela aucun tort à la mémoire de notre