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silence du cabinet et avec une si remarquable persistance, les plus antiques secrets du firmament.

Cette séparation douloureuse fut suivie de deux actes qui n’affligèrent pas moins notre confrère.

Le gouvernement central, dirigé alors, il faut bien l’avouer, par le parti de la Gironde, mit Bailly en surveillance. Tous les huit jours, le vénérable académicien était obligé de se présenter chez le procureur syndic de l’administration départementale de la Loire-Inférieure, comme un vil malfaiteur dont la société aurait eu intérêt à épier attentivement les moindres pas. Quel fut le vrai mobile d’une si étrange mesure ? Ce secret a été enseveli dans des tombes où je ne me permettrai pas d’aller fouiller.

Il m’est pénible de le dire, l’assimilation odieuse de Bailly à un criminel dangereux n’avait pas épuisé les rancunes de ses ennemis. Une lettre de Roland, ministre de l’intérieur, annonça bien sèchement au malheureux proscrit que le logement du Louvre, dont sa famille était en possession depuis plus d’un demi-siècle, venait de lui être retiré. On porta l’inconvenance jusqu’à saisir un huissier de l’ordre de vider les lieux.

Peu de temps avant cette époque, Bailly s’était vu forcé de vendre sa maison de Chaillot. L’ancien maire de Paris n’avait donc plus ni foyer, ni domicile dans la grande ville, théâtre naguère de son dévouement, de sa sollicitude, de ses sacrifices. Quand cette remarque lui venait à l’esprit, ses yeux se remplissaient de larmes.

La douleur qu’éprouvait Bailly en se voyant journellement l’objet d’odieuses persécutions, laissa, au surplus,