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pathie en font foi. Quant aux conseillers qui, si souvent, portèrent le trouble, la confusion, l’anarchie à l’Hôtel de Ville dans les années 89 et 90, j’oserai blâmer le vertueux magistrat d’avoir si patiemment, si modestement enduré leurs ridicules prétentions, leurs insoutenables usurpations de pouvoir.

Dès les premiers pas dans l’étude sérieuse de la nature, il demeure évident que les secrets dévoilés par les siècles ne sont qu’une fraction très-minime, si on les compare à ceux qui restent encore à découvrir. En se plaçant à ce point de vue, manquer de modestie serait tout simplement manquer de jugement. Mais, à côté de la modestie absolue, qu’on me passe l’expression, vient se placer la modestie relative. Celle-ci est souvent une duperie ; elle ne trompe personne et suscite mille difficultés. Bailly les a fréquemment confondues. Il est, je crois, permis de regretter que, dans maintes circonstances, le savant académicien ait dédaigné de jeter à la face de ses vaniteux collaborateurs, ces paroles d’un ancien philosophe : « Quand je m’examine, je me trouve un pygmée ; quand je me compare, je me crois un géant. »

Si je couvrais d’un voile ce qui, dans la conduite de Bailly, m’a paru susceptible de critique, j’affaiblirais volontairement les éloges que je viens de donner à plusieurs actes de son administration. Je ne commettrai pas cette faute, pas plus que je ne m’en suis rendu coupable en parlant des rapports du maire avec des échevins prétentieux.

Je dirai donc que, dans plusieurs circonstances, Bailly, suivant moi, se montra d’une susceptibilité quelque peu