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impardonnable, si l’on veut, d’avoir accepté de la commune une livrée à couleurs éclatantes.

Bailly ne figura dans les événements du mois d’octobre 1789 que par les efforts inutiles qu’il fit à Paris, de concert avec Lafayette, pour empêcher un nombreux attroupement de femmes de se porter sur Versailles. Lorsque cet attroupement, considérablement grossi, revint le 6 octobre, escortant très-tumultueusement les voitures de la famille royale, Bailly harangua le roi à la barrière de la Conférence. Trois jours après, il complimentait aussi la reine aux Tuileries, au nom du conseil municipal.

En se retirant de l’Assemblée nationale, qu’il appelait alors une caverne d’anthropophages, Lally-Tollendal publia une Lettre dans laquelle il inculpa amèrement Bailly à l’occasion de ces discours. Lally s’indignait en se rappelant que le jour où le roi rentra dans la capitale en prisonnier, entouré d’une foule très-peu respectueuse et précédé des têtes de ses malheureux gardes du corps, avait semblé à Bailly un beau jour !

Supposez les deux têtes dans le cortége, et Bailly devient inexcusable ; mais on a confondu les époques, ou, plus exactement, les heures ; mais les misérables qui, après un conflit avec les gardes du corps, portèrent à Paris leurs barbares trophées, partirent de Versailles dans la matinée ; mais ils furent arrêtés et emprisonnés, par ordre de la municipalité, dès qu’ils eurent franchi les barrières de la capitale. Ainsi la circonstance hideuse rapportée par Lally était le rêve d’une imagination égarée.