Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/365

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nies quotidiennes, contribua le plus à ébranler la popularité de Bailly. Il fallait d’ailleurs, une fois pour toutes, le dépouiller dans cette enceinte de ce noble titre de savant dont les gens du monde, les historiens eux-mêmes, l’ont inconsidérément gratifié. Lorsqu’un homme se révèle par de brillantes œuvres de l’intelligence, le public est heureux de les trouver alliées aux qualités du cœur. Sa joie ne doit pas être moins vive, lorsqu’il constate l’absence de toute distinction intellectuelle chez celui qui d’abord s’était fait connaître par des passions méprisables, par des vices, ou même seulement, par de graves torts de caractère.

Si je n’ai pas nommé encore l’ennemi de notre confrère, si je me suis contenté d’énumérer ses actes, c’est afin d’éloigner, autant qu’il était en moi, le sentiment pénible que ce nom doit soulever ici. Jugez, Messieurs, appréciez mes scrupules ; le persécuteur acharné de Bailly, dont je vous entretiens depuis plusieurs minutes, c’était Marat !

La révolution de 89 vint offrir au littérateur, au physiologiste, au physicien avorté, les moyens de sortir de la position intolérable que son inhabileté et son charlatanisme lui avaient faite.

Dès que la Révolution eut pris une marche décidée, il s’opéra dans les régions inférieures du monde politique des transformations subites qui excitèrent une vive surprise. Marat fut un des exemples les plus frappants de ces brusques revirements de principes. Le médecin neufchâtelois s’était montré l’adversaire ardent des opinions qui firent convoquer l’assemblée des notables, et du