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prise d’une citadelle, conséquence de la perfidie de son gouverneur. La bravoure du peuple s’est irritée par une parole d’honneur trahie. Cet acte, la meilleure preuve qu’une nation qui sait le mieux obéir est avide de sa juste liberté, a été suivi de traits que les malheurs publics avaient pu faire présager. »

Lally-Tollendal disait aux Parisiens, le 15 juillet : « Dans les circonstances désastreuses qui viennent de se passer, nous n’avions pas cessé de partager vos douleurs ; mais nous avions aussi partagé votre ressentiment : il était juste. »

L’Assemblée nationale sollicita et obtint du roi, le 15 juillet, l’autorisation d’envoyer à Paris une députation qui se flattait de ramener l’ordre et le calme dans cette grande ville, alors en convulsion. Madame Bailly, toujours dominée par la crainte, essaya vainement de dissuader son mari de se joindre aux députés désignés. « Je ne suis pas fâché, disait naïvement le savant académicien, après une présidence qui a été applaudie, de me montrer à mes concitoyens. » Vous le voyez, Messieurs, Bailly met toujours le lecteur des Mémoires posthumes dans la confidence de ses plus secrets sentiments.

La députation venait de remplir son mandat, à l’Hôtel de Ville, à l’entière satisfaction de la population parisienne ; l’archevêque de Paris, son président, avait déjà proposé de se rendre en cortége à la cathédrale pour y chanter le Te Deum ; on se préparait à sortir, lorsque, s’abandonnant à un mouvement d’enthousiasme spontané, l’assemblée, d’une voix unanime, proclama Bailly maire de Paris et Lafayette commandant général de la