Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/354

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de la nation ! » C’est, suivant moi, beaucoup plus énergique que la version ordinaire. Le « Nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes ! » m’avait toujours semblé, malgré l’admiration convenue, impliquer seulement une résistance qui cesserait à l’arrivée d’un caporal et de quatre soldats.

Bailly quitta le fauteuil de président de l’Assemblée nationale le 2 juillet. Son illustration scientifique, sa vertu, son esprit conciliant, n’avaient pas été de trop pour habituer certains hommes à voir un membre des Communes présider une assemblée où se trouvaient un prince du sang, un prince de l’Église, les plus grands seigneurs du royaume et presque tous les hauts dignitaires du clergé. Le premier successeur nommé de Bailly fut le duc d’Orléans. Après son refus, l’Assemblée choisit l’archevêque de Vienne (Pompignan).

Bailly rappelle avec sensibilité, dans ses Mémoires, les témoignages d’estime que lui valut sa difficile et laborieuse présidence. Le 3 juillet, sur la proposition du duc de La Rochefoucauld et de l’archevêque de Bordeaux, l’Assemblée nationale envoya une députation à notre illustre confrère, pour le remercier, ce sont les expressions textuelles, de sa conduite noble, sage et ferme. Le corps électoral de Bordeaux avait devancé ces hommages. La chambre de commerce de cette ville décidait, à la même époque, que le portrait du grand citoyen décorerait la salle de ses séances. L’Académie des sciences, l’Académie des inscriptions et belles-lettres, ne restèrent pas insensibles à la gloire qu’un de leurs membres venait d’acquérir dans la carrière politique, et le lui témoignè-