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fut jadis, vous le voyez, Messieurs, la règle sublime du corps médical français ; tel est encore aujourd’hui son évangile. Je n’en veux d’autre preuve que ces admirables paroles adressées, par notre confrère Larrey, à son ami Tanchou, blessé à la bataille de Montmirail : « Votre blessure est légère, Monsieur. Nous n’avons de place et de paille à cette ambulance que pour les grands blessés. On va vous mettre dans cette écurie. »

Le corps médical ne pourrait donc, sous aucun rapport, être mis en cause, en suspicion, à l’occasion de l’ancien Hôtel-Dieu de Paris.

Invoque-t-on l’économie ? je trouve dans Bailly une réponse toute prête : La journée de malade à l’Hôtel-Dieu était notablement plus élevée que dans d’autres établissements de la capitale plus charitablement organisés.

Quelqu’un va-t-il jusqu’à prétendre que les malades condamnés à se réfugier dans les hôpitaux, ayant une sensibilité émoussée par le travail, par la misère, par les souffrances de tous les jours, devaient faiblement ressentir les effets des dispositions horriblement vicieuses que l’ancien Hôtel-Dieu offrait à tous les yeux clairvoyants ? Voici ce que je lis dans le rapport de notre confrère : « Les maladies sont presque du double plus longues à l’Hôtel-Dieu qu’à la Charité ; la mortalité y est aussi presque du double plus grande !… Les trépanés périssent tous dans cet hôpital ; tandis que cette opération est assez heureuse à Paris, et encore plus à Versailles. »

Les maladies sont du double plus longues ! La mortalité y est double ! Tous les opérés du trépan périssent ! Les femmes en couche meurent dans une effrayante pro-