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née 1785, un Mémoire où il s’efforçait d’établir la nécessité de déplacer l’Hôtel-Dieu et de construire un nouvel hôpital dans une autre localité. Ce Mémoire, soumis, par ordre du roi, au jugement de l’Académie, donna lieu directement ou indirectement à trois délibérations. Les académiciens commissaires étaient : Lassone, Tenon, Tillet, Darcet, Daubenton, Bailly, Coulomb, Laplace et Lavoisier. Ce fut Bailly qui tint constamment la plume. Ses rapports ont joui d’une grande et juste célébrité. Les progrès des sciences permettraient peut-être aujourd’hui de modifier en quelques points les idées des illustres commissaires. Leurs vues sur le chauffage, sur la grandeur des salles, sur la ventilation, sur l’assainissement général, pourraient, par exemple, recevoir des améliorations réelles ; mais rien ne saurait ajouter aux sentiments de respect qu’inspire l’œuvre de Bailly. Quelle clarté d’exposition ! quelle netteté, quelle simplicité de style ! Jamais un auteur ne se mit aussi complétement à l’écart ; jamais il ne chercha plus sincèrement à faire triompher la cause sacrée de l’humanité. L’intérêt que Bailly porte aux pauvres est profond, mais toujours exempt d’apparat ; ses paroles sont modérées, pleines d’onction, là même où de vifs mouvements de colère et d’indignation eussent été légitimes. De la colère, de l’indignation ! Oui, Messieurs ; écoutez et prononcez !

J’ai cité les noms des commissaires. En aucun temps, dans aucun pays, on n’aurait pu réunir plus de savoir et de vertu. Ces hommes d’élite, se réglant en cela sur la logique la plus vulgaire, croyaient que la mission de se prononcer sur une réforme de l’Hôtel-Dieu entraînait la