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admettre qu’un rayon cesse d’être lumière dès qu’on diminue sa vitesse d’un dix-millième. De là découlent ces conjectures naturelles et bien dignes d’un examen expérimental : les hommes ne voient pas tous par les mêmes rayons ; des différences tranchées peuvent exister à cet égard chez le même individu, dans des états nerveux divers ; il est possible que les rayons calorifiques, les rayons obscurs de l’un, soient les rayons lumineux de l’autre, et réciproquement ; les rayons calorifiques traversent librement certaines substances, dites d’athermanes ; ces substances, jusqu’ici, avaient été appelées opaques, parce qu’elles ne transmettent aucun rayon communément lumineux ; aujourd’hui, les mots opaque et d’athermane n’ont rien d’absolu. Les corps d’athermanes laissent passer les rayons qui constituent la lumière de celui-ci ; ils arrêtent, au contraire, les rayons formant la lumière de celui-là. Peut-être trouvera-t-on sur cette voie la clef de plusieurs phénomènes restés jusqu’ici sans explication plausible.

Rien, dans les merveilles du somnambulisme, ne soulevait plus de doutes qu’une assertion très-souvent reproduite, touchant la propriété dont jouiraient certaines personnes à l’état de crise, de déchiffrer une lettre, à distance, avec le pied, avec la nuque, avec l’estomac. Le mot impossible semblait ici complétement légitime. Je ne doute pas, néanmoins, que les esprits rigides ne le retirent, après avoir réfléchi aux ingénieuses expériences dans lesquelles Moser produit aussi à distance des images très-nettes de toutes sortes d’objets, sur toutes sortes de corps, et dans la plus complète obscurité.