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la fin du xviiie siècle, les points de doctrine les plus délicats, les plus épineux, étaient discutés avec une entière bonne foi, avec une lucidité parfaite et d’un style qui a placé plusieurs membres de la Faculté au rang de nos meilleurs prosateurs. Servan, d’ailleurs, sort des limites d’une discussion scientifique, lorsque, sans prétexte d’aucune sorte, il accuse ses adversaires d’être antimesmériens par esprit de corps, et, qui pis est, par cupidité.

Servan est plus dans son droit lorsqu’il fait remarquer que les théories médicales aujourd’hui les mieux assises donnèrent lieu, en naissant, à des débats prolongés ; lorsqu’il rappelle que certains médicaments ont été tour à tour proscrits et recommandés avec passion ; l’auteur aurait même pu creuser plus profondément cette face de son sujet. Au lieu de quelques railleries sans portée, que ne nous montrait-il, par exemple, dans un pays voisin, deux médecins célèbres, Mead et Woodward, vidant, l’épée à la main, le différend qui venait de s’élever entre eux sur la manière de purger un malade ! Nous aurions entendu ensuite Woodward, percé d’outre en outre, roulant à terre et baigné dans des flots de sang, dire à son adversaire d’une voix éteinte : « Le coup est rude, et cependant je le préfère à votre médecine ! »

La vérité n’a pas seule le privilége de rendre les hommes passionnés. Telle était la légitime conséquence de ces vues rétrospectives. Je me demande maintenant si, en s’attachant à remettre cet aphorisme en lumière, l’avocat passionné du mesmérisme faisait preuve d’habileté !

Mettons, Messieurs, mettons à l’écart toutes ces attaques personnelles, toutes ces récriminations contre une