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astronomes voués à l’observation de cet astre ; perturbation, pour le dire en passant, dont aucun géomètre, de Newton à Laplace, ne s’était avisé.

Le travail de Bailly porta le trouble, le dépit, la colère, parmi les mesmeriens. Il fut pendant plusieurs mois le point de mire de leurs attaques combinées. Toutes les provinces de France virent surgir des réfutations du célèbre rapport : quelquefois, sous la forme d’une discussion calme, décente, modérée ; ordinairement, avec tous les caractères de la violence, avec l’acrimonie du pamphlet.

Ce serait aujourd’hui peine perdue que d’aller arracher aux tablettes poudreuses de quelques bibliothèques spéciales des centaines de brochures dont les titres mêmes sont complétement oubliés. L’analyse impartiale de cette ardente polémique n’exige pas un pareil travail ; je crois, du moins, que j’arriverai au but en concentrant mon attention sur deux ou trois écrits qui, par la force des arguments, le mérite du style ou la réputation de leurs auteurs, ont laissé des traces dans le souvenir des hommes.

Au premier rang de cette catégorie d’ouvrages, figure l’élégante brochure que publia Servan, sous le titre de : Doutes d’un provincial, proposés à messieurs les médecins commissaires chargés par le roi de l’examen du magnétisme animal.

L’apparition de l’opuscule de Servan fut saluée, dans le camp des mesmériens, par des cris de triomphe et de joie. Les indifférents retombèrent dans le doute et la perplexité. Grimm écrivait, en novembre 1784 : « Il n’y a