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en crédit une chose bonne et utile. En se circonscrivant dans ce point de vue, quelques traits auraient suffi.

Plutarque, par exemple, serait venu en aide au rapporteur. Il lui aurait montré Pyrrhus guérissant, par des frictions opérées à l’aide de l’orteil de son pied droit, les maladies de la rate. Sans se livrer à un esprit d’interprétation outré, on eût pu se permettre de voir dans ce fait le germe du magnétisme animal. J’avoue qu’une circonstance aurait dérouté quelque peu l’érudit : c’était le coq blanc que le roi de Macédoine sacrifiait aux dieux avant de commencer ses frictions.

Vespasien, à son tour, aurait pu figurer parmi les prédécesseurs de Mesmer, à raison des cures extraordinaires qu’il opéra en Égypte par l’action de son pied. Il est vrai que la prétendue guérison d’une cécité ancienne, à l’aide d’un peu de salive du même empereur, serait venue jeter du doute sur la véracité de Suétone.

Il n’est pas jusqu’à Homère et Achille dont il n’eût été possible d’invoquer les noms. Joachim Camerarius prétendait, en effet, avoir vu sur un très-ancien exemplaire de l’Iliade des vers dont les copistes firent le sacrifice parce qu’ils ne les comprenaient pas, et dans lesquels le poëte parlait, non pas du talon d’Achille, sa célébrité depuis trois mille ans est bien établie, mais des propriétés médicales que possédait l’orteil du pied droit de ce même héros.

Ce que je regrette surtout, c’est le chapitre où Bailly aurait raconté comment certains adeptes de Mesmer avaient eu la prétention de magnétiser la lune, et de faire tomber ainsi en syncope, tel jour donné, tous les