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que chez les autres les effets obtenus provenaient d’une persuasion anticipée touchant la bonté de la méthode, et qu’on pourrait les attribuer à l’influence de l’imagination ? De là un nouveau système d’expériences. Il s’agissait de détruire ou de confirmer ce soupçon ; « il fallait déterminer jusqu’à quel point l’imagination influe sur nos sensations, et constater si elle pouvait être la cause, en tout ou en partie, des effets attribués au magnétisme. »

Rien de plus net, de plus démonstratif que cette portion du travail des commissaires. Ils se rendent, d’abord, chez le docteur Jumelin, lequel, par parenthèse, obtient les mêmes effets, les mêmes crises que Deslon et Mesmer, en magnétisant suivant une méthode entièrement différente, en ne s’astreignant à aucune distinction de pôles ; ils choisissent les sujets qui paraissent ressentir le plus fortement l’action magnétique, et mettent leur imagination en défaut en leur bandant les yeux de temps en temps.

Qu’arrive-t-il alors ?

Quand les sujets y voient, le siége des sensations est précisément l’endroit magnétisé ; quand on leur bande les yeux, ils placent ces mêmes sensations au hasard, dans des parties quelquefois très-éloignées de celles où le magnétiseur dirige son action. Le sujet, dont les yeux sont couverts, éprouve souvent des effets marqués, à une époque où on ne le magnétise pas, et reste, au contraire, impassible quand on le magnétise sans qu’il s’en doute.

Les personnes de toutes les classes offrent les mêmes anomalies. Un médecin instruit, soumis à ces expériences,