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ensuite le tableau varié et vraiment extraordinaire de l’état des malades. Son attention se porte principalement sur les convulsions qu’on désignait par le mot de crise. Il remarque que dans le nombre de personnes en crise, il y a toujours beaucoup de femmes et très-peu d’hommes ; il ne suppose d’ailleurs aucune tromperie, tient les phénomènes pour constatés, et passe à la recherche de leurs causes.

Suivant Mesmer et ses partisans, la cause des crises et des effets moins caractérisés résidait dans un fluide particulier. C’est à chercher des preuves de l’existence de ce fluide que les commissaires durent premièrement consacrer leurs efforts. En effet, disait Bailly : « Le magnétisme animal peut bien exister sans être utile, mais il ne peut être utile s’il n’existe pas. »

Le fluide magnétique animal n’est point lumineux et visible comme l’électricité ; il ne produit pas sur la nature inerte des effets marqués et manifestes à la vue comme le fluide de l’aimant ordinaire ; enfin, il n’a pas de goût. Quelques magnétiseurs prétendaient qu’il avait de l’odeur ; l’expérience souvent répétée montra qu’on s’était trompé. L’existence du prétendu fluide ne pouvait donc être constatée que par ses effets sur des êtres animés.

Des effets curatifs eussent jeté la commission dans un dédale inextricable, car la nature seule, sans aucun traitement, guérit beaucoup de maladies. Dans ce système d’observations, on n’aurait pu espérer de faire la part exacte du magnétisme, qu’après un très-grand nombre de cures, qu’après des essais longtemps répétés.