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L’entrée à l’Académie Française de l’éloquent auteur de l’Histoire de l’astronomie, fut plus difficile que ne peuvent le croire ceux qui remarquent à quelles minces productions certains écrivains anciens et modernes ont dû la même faveur. Bailly échoua trois fois. Fontenelle, avant lui, s’était inutilement présenté une fois de plus ; mais Fontenelle subit ces échecs successifs sans humeur et sans découragement. Bailly, au contraire, à tort ou à raison, voyant dans ces résultats défavorables du scrutin l’effet immédiat de l’inimitié de d’Alembert, s’en montrait affecté beaucoup plus peut-être que cela n’était séant pour un philosophe. Dans ces luttes, quelque peu envenimées, Buffon donna toujours à Bailly un appui cordial et habile.

Bailly prononça son discours de réception en février 1784. Les mérites de M. de Tressan y furent célébrés avec beaucoup de grâce et de finesse. Le panégyriste s’était identifié avec son sujet. Un public d’élite couvrit d’applaudissements divers passages où des idées justes, profondes, se montraient revêtues de toutes les pompes d’un style plein de force et d’harmonie.

Quelqu’un parla-t-il jamais avec plus d’éloquence de la puissance scientifique révélée par une découverte contemporaine ! Écoutez, Messieurs, et jugez :

« Ce que les sciences peuvent ajouter aux privilèges de l’espèce humaine n’a jamais été plus marqué qu’au moment où je parle. Elles ont acquis de nouveaux domaines à l’homme. Les airs semblent lui devenir accessibles comme les mers, et l’audace de ses courses égale presque l’audace de sa pensée. Le nom de Montgolfier, ceux des