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cons que d’Anglais ; si la France, renfermée aujourd’hui dans ses limites naturelles, dans sa magnifique unité, n’aurait pas le droit, tout bien examiné, de considérer presque la fameuse bataille comme un événement de guerre civile ; ne fallait-il pas, enfin, faire observer, pour corroborer ces remarques, que le chevalier à qui le roi Jean se rendit, Denys de Morbecque, était un officier français banni de l’Artois ?

La confiance en soi est, sur les champs de bataille, la première condition de succès ; or, notre confiance ne serait-elle pas ébranlée, si les hommes les plus à portée de connaître les faits, de les apprécier sainement, avaient l’air de croire à une infériorité native de la race franque sur les races qui ont peuplé telles ou telles régions voisines ou éloignées ? Ceci, qu’on le remarque bien, n’est pas une susceptibilité puérile. De grands événements pourront, un jour donné, dépendre de l’opinion que la nation aura d’elle-même. Nos voisins d’outre-Manche nous donnent à ce sujet des exemples que nous ferions bien d’imiter.

En 1767, l’Académie de Berlin mit au concours l’Éloge de Leibnitz. Le public en témoigna quelque surprise. On croyait généralement que Leibnitz avait été admirablement loué par Fontenelle, et que le sujet était épuisé. Dès que la pièce de Bailly, couronnée en Prusse, vit le jour, on revint complétement de ces premières impressions. Chacun s’empressa de reconnaître que les appréciations de Bailly pouvaient être lues avec profit et plaisir, même après celles de Fontenelle. L’Éloge composé par l’historien de l’Astronomie ne fera sans doute pas oublier celui du premier secrétaire de l’Académie des sciences. Le