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porains de la victime ne seraient bientôt plus là pour répandre sur des événements obscurs les lumières de leurs honnêtes et impartiaux souvenirs ; une existence vouée au culte de la raison et de la vérité viendrait à ne pouvoir être appréciée que d’après des documents où, pour ma part, je ne consentirai point à puiser en aveugle tant qu’il ne sera pas prouvé qu’en temps de révolution on peut se fier à la droiture des partis.

Je vous devais, Messieurs, ce compte abrégé de l’ensemble d’idées qui m’a conduit à vous présenter un tableau détaillé de la vie et des travaux d’un membre de l’ancienne Académie des sciences. Des biographies qui suivront bientôt celle-ci prouveront que les études auxquelles je me suis livré sur Carnot, Condorcet et Bailly, ne m’ont pas empêché de songer sérieusement aux illustrations contemporaines.

Leur rendre un loyal, un véridique hommage, est le premier devoir des secrétaires de l’Académie, et je le remplirai religieusement, sans m’engager, toutefois, à observer strictement l’ordre chronologique, à suivre pas à pas les registres de l’état civil.

Les éloges, disaient un ancien, devraient être différés jusqu’au moment où l’on a perdu la véritable mesure des morts. Alors on pourrait en faire des géants sans que personne s’y opposât. Je pense, au contraire, que les biographes, ceux des Académiciens surtout, doivent se hâter autant que possible, afin que chacun soit représenté dans sa taille réelle, afin que les personnes bien informées aient l’occasion de rectifier les inexactitudes qui, malgré tous les soins, se glissent presque inévitablement dans ce