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l’exactitude que l’on mettait dans sa correspondance, que par le mérite réel de ses travaux.

Condorcet n’a été, dans sa vie, animé que d’une seule ambition, celle de faire prévaloir ses idées : lorsqu’on n’a été guidé que par l’inspiration de sa conscience, une telle ambition n’a rien dont un honnête homme doive rougir.

M. de Lamartine joue vraiment de malheur toutes les fois qu’il met Condorcet en scène. Les documents d’après lesquels il écrit, qu’il s’agisse de grandes comme de petites choses, sont constamment entachés de légèreté ou d’erreur.

Voyez plutôt :

L’illustre écrivain est-il amené à parler de l’influence que madame de Staël exerça sur quelques événements de notre première révolution, il nous dépeint Voltaire, Rousseau, Buffon, d’Alembert, Condorcet, etc., jouant avec cet enfant et attisant ses premières pensées. En ce qui concerne Condorcet, l’assertion manque de vérité : Condorcet, ami de Turgot, ne fréquenta jamais les salons de M. de Necker, pour lequel il avait des sentiments qui, à quelques égards, n’étaient peut-être pas exempts de préventions.

M. de Lamartine commet une erreur du même genre, lorsqu’il fait du girondin Condorcet un des membres les plus assidus des conciliabules de M. et Mme Roland. L’ancien secrétaire de l’Académie ne rendit jamais que de simples visites de politesse au ministre de l’intérieur et à sa femme. Celui-là pouvait-il, d’autre part, être légitimement rangé parmi les girondins, qui leur adressait sans