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ou diplômes de ducs, de marquis, de vidames, etc. La flamme pétillait encore au pied de la statue de Louis XIV ; le dernier aliment qu’on lui fournissait était peut-être le titre original des marquis Caritat de Condorcet, lorsqu’à la tribune nationale l’héritier de cette famille demanda qu’on étendît la même mesure à toute la France. La proposition fut adoptée à l’unanimité.

Cette proposition a été textuellement recueillie et insérée au Moniteur[1]. Elle n’est évidemment relative qu’aux titres nobiliaires. Partisan décidé de l’unité dans le pouvoir législatif, Condorcet espérait dérouter ses adversaires, ceux qui méditaient alors la création de deux chambres, en faisant disparaître les parchemins qu’ils semblaient vouloir consulter pour composer le personnel de leur sénat. L’artifice était peut-être mesquin, puéril ; toutefois, cela n’autorisait pas un écrivain illustre, l’honneur de notre littérature, à le présenter comme la cause immédiate de l’abandon de plusieurs travaux historiques, car ces travaux avaient entièrement cessé une année auparavant, en 1791. Cela autorisait encore moins un journal grave et d’une date récente, à nous dire que, nouvel Omar, Condorcet fit brûler les immenses travaux des congrégations savantes, car ces travaux ne furent point brûlés ; car, le discours est là, notre confrère n’avait absolument parlé que de titres, que de diplômes nobiliaires ; car, enfin, et cet argument moral est à mes yeux plus fort encore que des faits positifs et des dates, il n’a jamais pu exister une chambre française, produit du monopole ou du droit com-

  1. Voir le discours de Condorcet, du 19 juin 1792.