Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/200

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dictée de sa conscience, le mandat impératif qu’il s’imposerait si jamais les circonstances lui donnaient quelque pouvoir politique. J’aperçois, dans ce programme, divers points sur lesquels notre confrère ne croyait pouvoir admettre aucune transaction, et qui cependant n’ont été résolus conformément à ses vues, ni en fait par la plupart de nos assemblées, ni théoriquement par la majorité des publicistes.

Condorcet ne voulait pas deux chambres ; mais ce qu’il demandait surtout, ce qui lui semblait devoir être la base d’une organisation sociale bien entendue, c’était un moyen légal et périodique de reviser la Constitution, d’en modifier pacifiquement les parties défectueuses.

La combinaison de deux chambres paraissait à notre confrère une complication inutile, et qui, dans certains cas, devait conduire à des décisions évidemment contraires au vœu de la majorité. Il croyait avoir prouvé qu’on peut trouver, « dans la forme des délibérations d’une seule assemblée, tout ce qui est nécessaire pour donner à ses décisions la lenteur, la maturité qui répondraient de leur vérité, de leur sagesse. » Franklin, partisan décidé d’une seule chambre, fortifia Condorcet dans ses idées. L’éloge de ce grand homme fournit plus tard à notre confrère une occasion naturelle, dont il se saisit avec empressement, de les développer devant l’Académie.

Déjà aussi, dans ce même éloge, le savant secrétaire signalait, comme une source inévitable de désordres et de maux, toute Constitution prétendue éternelle, toute Constitution qui n’aurait rien prévu sur les moyens de