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religieuses, que la prière n’était pas de Vauvenargues. C’est dans le Commentaire sur les œuvres de Voltaire que devait se trouver (les termes sont de La Harpe), que devait se trouver le mensonge philosophique.

Jamais, assurément, reproche de cette gravité n’a été articulé en termes moins mesurés et moins équivoques. Quelle sera maintenant ma réponse ? La dénégation la plus formelle : Condorcet n’a jamais prétendu que la prière ne fût pas de Vauvenargues : il dit positivement, il dit très-catégoriquement le contraire. Serait-il vrai par hasard qu’il existât un mensonge antiphilosophique ?

En terminant un de ses meilleurs éloges, celui de Franklin, notre confrère frappait d’un blâme très-sévère les personnages qui règlent leur conduite sur cette maxime ancienne, et d’une morale si relâchée, La fin légitime les moyens. Il repoussait avec indignation tout succès obtenu par le mensonge ou la perfidie. Les actions de Condorcet n’ont point démenti ces nobles préceptes ; sa vie a été un long combat, mais il n’a jamais eu recours à des armes déloyales.

Jadis toute nomination à l’Académie française était un événement, particulièrement quand des hommes de cour se mettaient sur les rangs. Condorcet prit part plus d’une fois à ces luttes, mais sans jamais mettre rien en balance avec de vrais titres littéraires.

Saint-Lambert le prie d’écrire à Turgot que l’Académie française serait heureuse de lui donner une marque de sa vénération en le nommant à la place du duc de Saint-Aignan. Condorcet désirait fort que son ami acceptât, mais à la condition, bien nettement exprimée, qu’aucun