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et le public à des indigestions. Qu’on en rie aujourd’hui, qu’on s’en étonne tant qu’on voudra, les bûches et les échalas carrés n’en étaient pas moins proscrits. Les lois de l’époque allaient jusqu’à déterminer la forme des hauts-de-chausse et des vertugadins. De telles citations montrent clairement à quel point les hommes de génie eux-mêmes subissent l’influence de leur siècle ; mais je ne saurais, en vérité, à quelle influence Condorcet aurait obéi, s’il eût substitué des périphrases aux expressions techniques que L’Hôpital, de sa main de poëte, consigna dans les lois ; s’il avait essayé du style descriptif à propos de vertugadins, d’échalas et de petits pâtés.

Voltaire, en tous cas, était loin de s’associer aux demandes, aux désirs de La Harpe et de ses confrères ; car, le 3 octobre 1777, il mandait à M. de Vaines : « Je viens de lire avec une extrême satisfaction, le L’Hôpital de M. de Condorcet : tout ce qu’il fait est marqué au coin d’un homme supérieur. »

Je trouve ces paroles non moins significatives, dans une lettre inédite de Franklin : « J’ai lu avec le plus grand plaisir votre excellent éloge de L’Hôpital. Je savais déjà que vous étiez un grand mathématicien ; maintenant, je vous considère comme un des premiers hommes d’État de l’Europe. »

De pareils suffrages ont la valeur d’une décision académique.

« La Lettre d’un théologien à l’auteur du Dictionnaire des trois siècles, est un des écrits les plus piquants qu’on ait publiés depuis quelques années. Cette brochure, sans nom d’auteur, a été attribuée, généralement, à l’illustre