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dépasse, toutefois, ni les forces, ni le savoir, ni le zèle de l’écrivain.

Dans son bel ouvrage, Condorcet nous montre d’abord L’Hôpital en Italie, chez le connétable de Bourbon, au parlement et au concile de Bologne. On le voit ensuite à la tête des finances. Plus tard, c’est le chancelier, le ministre, l’homme d’État, dont les actes se déroulent devant le lecteur.

Une vie si pleine, si glorieuse, ne pouvait être convenablement appréciée dans un écrit de soixante minutes de lecture, comme le demandait l’Académie. Aussi, Condorcet ne tint aucun compte de la prescription : son éloge avait trois fois plus d’étendue que ne le voulait le programme. La mise hors de concours était donc pour notre confrère un événement prévu. Je ne pense pas que nous devions nous montrer aussi faciles au sujet des critiques que l’ouvrage fit naître dans l’aréopage littéraire, et dont l’auteur du Lycée a conservé divers échantillons.

Suivant La Harpe, le style de l’éloge de L’Hôpital manque de nombre. Le reproche me paraîtrait plus grave si l’on avait dit, si surtout on avait pu dire : Le style manque de trait, de nerf et de correction ; les idées n’ont ni nouveauté ni profondeur. Il est vrai qu’en ce cas la réfutation eût été très-facile, et qu’elle se serait réduite à de courtes citations ; à celles-ci, par exemple :

Si Bertrandi (garde des sceaux d’Henri II) a échappé à l’exécration des siècles suivants, c’est que, toujours vil au sein de la puissance, toujours subalterne, même en occupant les premières places, il fut trop petit pour attirer les regards.