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Si les grandes et les petites choses pouvaient être comparées, je dirais qu’elles rappelaient la réponse qu’un ouvrier, jeune et valide, fit un jour à cette question de Marivaux : « Pourquoi ne travaillez-vous pas ? — Ah ! Monsieur, si vous saviez combien je suis paresseux ! »

La large part que je viens de faire à l’influence du caractère, ne doit pas détourner nos yeux d’une cause, non moins puissante, qui, elle aussi, a beaucoup contribué à diminuer le nombre des travaux d’Ampère. S’il est vrai que les découvertes dont j’ai donné l’analyse, malgré tout ce qu’elles offrent de vaste, de profond, d’ingénieux, ne soient qu’une très-petite partie de celles qu’aurait pu enfanter la puissante tête de notre confrère, les institutions solidaires d’un si fâcheux résultat, méritent la réprobation de tous les amis des sciences. En consacrant quelques mots au développement de cette idée, j’obéirai, Messieurs, au précepte plein de raison que l’auteur de l’Essai sur les éloges exprimait ainsi : « Soit qu’en célébrant les grands hommes vous preniez pour modèle la gravité de Plutarque, ou la sagesse piquante de Fontenelle, n’oubliez pas que votre but est d’être utile ! »

Quand on parle des savants, nos contemporains, dont les facultés immenses ont été mal appliquées, le nom d’Ampère est le premier qui se présente à la pensée.

Un homme d’État, célèbre par ses bons mots, disait d’un de ses adversaires politiques : « Sa vocation est de ne pas être ministre des affaires étrangères. » À notre tour, nous pourrions affirmer, à l’égard d’Ampère, que « sa vocation était de ne pas être professeur. »

Cependant, c’est au professorat qu’on l’a forcé de